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• A quel âge avez-vous commencé à faire du sport ? Parlez-nous de cette époque (évidemment pas si lointaine) ?

  J'ai toujours baigné dans le sport, depuis l'âge de 3 ans. J'ai la chance d'avoir des parents très consciencieux, qui ont compris que l'environnement social est certainement le point le plus important dans l'éducation d'un enfant. C'est en tous cas ce que je ressens par les valeurs qu'ils m'ont transmis.
  J'ai donc commencé par apprendre à nager chez les bébés nageurs, avant de me diversifier et de rejoindre mon frère sur des sports qu'il pratiquait avant moi : le karaté et le handball principalement.
  C'est finalement la natation, après plusieurs expérimentations, qui a gagné mon coeur et que je n'ai jamais lâché jusqu'à mes études.

• Quels sont vos sports favoris, ceux que vous pratiquez à haut niveau, en tant que simples loisirs ou que vous aimeriez découvrir ?

  J'ai donc choisi la natation, ce sport que je considérais être le plus complet et le plus ludique (et plus généralement : celui pour lequel j'étais le plus doué), qui m'a suivi dans toutes mes années d'enfance, depuis la maternelle jusqu'au bac. J'en ai pratiqué au niveau national (top 10 national de ma catégorie durant 3 années consécutives dans mes dernières années de lycée). J'ai finalement dû arrêter la natation pour me consacrer à mes études (première année de médecine oblige, pour pouvoir accéder au métier qui me faisait rêver : kiné). Je me souviens encore de l'appel de mon coach, en pleine révision du concours, pour m'annoncer que j'étais qualifié aux championnats nationaux Elite grâce à mes performances de l'année précédente (aux côtés de Florent Manaudou, Yannick Agnel, Camille Lacourt...). Un mélange étrange de fierté et de sensation d'incomplétude.
  Quoi qu'il en soit, c'est, depuis la première année de médecine, la musculation qui reste présente dans ma vie. J'ai commencé à la pratiquer en parallèle de la natation, par du renforcement spécifique adapté, et c'est le sport qui continue de m'accompagner au quotidien pour énormément d'autres choses, que je détaillerai plus loin.

• Donnez-nous envie d’enfiler un short en nous expliquant ce que vous apporte le sport au quotidien !

  La musculation est une discipline que j'ai appris à aimer pour bien plus que l'aspect sportif.
  En tant que kinésithérapeute, je connais l'importance d'avoir un corps fort pour éviter les pathologies futures (tendinopathies, lombalgies, arthrose, chute du sujet âgé...). Le traitement de la plupart des pathologies orthopédiques se fait par du renforcement (et non par du repos comme certains le pensent, notamment beaucoup de médecins). Ma propre discipline dans le sport et ma reconversion dans le métier de coach de musculation proviennent de ce constat : plus on commence à se renforcer tôt dans la vie, plus on évite les pathologies dans le futur; Et, contrairement aux croyances populaires, il n'est jamais trop tard pour commencer : les études montrent que le même programme de musculation appliqué à 25 ans et à 65 ans donne les mêmes résultats en terme de prise de muscle (la seule chose différenciant les deux population étant : le point de départ, avec l'usure normale liée à l'âge, et la sédentarité naturellement entraînée par une perte de motivation avec les années).
  
  Pour être tout à fait honnête, mes études m'ont amené à faire une pause dans le sport pour profiter des plaisirs de la vie (nourriture, soirées, alcool...). Mais premièrement, cela ne me ressemblait pas, et deuxièmement, les résultats que cela m'a apporté (empâtement, fatigue, déprime, anxiété,...) m'ont fait comprendre que le sport était le remède à énormément de maux de notre société sédentaire.
  
  Aujourd'hui, je continue de pratiquer ce sport pour énormément de raisons (attention, accrochez-vous) : l'énergie, la santé, la confiance en soi, la discipline qu'elle entraîne, la résilience, la vision à long terme, l'effet de halo que peut dégager un beau corps, l'exemplarité envers son entourage, la valeur du travail... Mais aussi des choses moins visibles, qui proviennent de ce sport et qui ont un impact bien plus large sur ma vie : la mise en place de bonnes habitudes, le fait de se tenir à un processus et de faire quelque chose que l'on sait être bien même lorsque l'on n'en a pas envie, le fait de me plaire à bien manger, le fait de vouloir constamment augmenter mon énergie pour avoir de meilleurs performances (ce qui m'amène à avoir, en retour, plus d'énergie), la curiosité que cela m'amène sur le corps humain et que je peux partager à mon entourage, mes coachés, mes patients...
  
  C'est aussi un sport qui peut être pratiqué en parallèle du travail, sans friction puisque les salles de sport sont aujourd'hui ouvertes quasiment 24h/24 et, avec un bon programme, on peut s'y tenir des années en sachant qu'on va toujours dans la bonne direction.
  
  Après plusieurs années à avoir pratiqué la musculation pour me défouler, je pratique aujourd'hui bien plus la musculation comme un sport cérébral (programmation dans le but de construire un corps à l'image que je désire, compréhension de la nutrition et de ce qu'elle m'apporte dans la vie quotidienne et dans le sport, liens avec le travail, l'énergie, compréhension de la physiologie...).

• Quel exploit sportif vous a marqué ou inspiré (voire donné envie de chanter I will survive toute la journée) ? Dites-nous comment vous l’avez vécu !

  Dans le sport français, le plus grand exploit reste selon moi la longue série de victoires de Teddy Riner, qui n'a jamais perdu un combat entre 2010 et 2020. C'est inspirant de voir qu'une personne avec tant de victoires continue de pratiquer son sport avec tant d'intensité pendant si longtemps. Lorsque l'on connaît les difficultés, les choix, les renoncements... auxquels doit faire face un sportif de haut niveau, on ne peut être qu'admiratif devant un homme qui s'est battu si intensément pour conserver sa place pendant si longtemps. Dans la même veine, dans le sport international, et parce que je ne peux pas faire une interview de sport où je dis que je suis ancien nageur de haut niveau sans le citer : les nombreuses médailles d'or de Michael Phelps...
  
  De manière générale, un champion qui remet sans cesse son titre en jeu est, selon moi, la chose la plus inspirante qui soit sur cette terre. Tu peux gagner une fois avec un certain "facteur chance", mais gagner à chaque fois en ne se reposant jamais sur tes acquis, et courir le risque d'essuyer un échec, demande un courage tel que peu de personnes peuvent prétendre arriver à la cheville de ces deux grands hommes.

• Parlez-nous de votre plus bel accomplissement en tant que sportif !

  J'ai déjà épilogué sur ma carrière de nageur, mais cela restera la partie de ma vie dont je suis le plus fier. Je pourrais citer certains podiums qui m'ont marqué, mais selon moi, l' "exploit" est surtout d'avoir fait le choix de nager 2 fois par jour pour accomplir ces objectifs, même pendant les week-ends et les vacances scolaires. Je me souviens des longues heures de souffrance en stage, avec des séances intenses et peu de nourriture rassasiante, des choix difficiles entre aller m'entraîner ou profiter de ma famille ou de mes amis, de ma difficulté à trouver une petite copine qui puisse parfois supporter de me voir choisir mon sport plutôt qu'elle...
  C'était quelque chose de difficile, mais je ne regrette absolument rien. Cela restera des souvenirs remplis d'émotions et cette période me remplit de fierté.
  Je ne le referai pas dans le futur, cependant : pour moi, l'équilibre est beaucoup trop important dans une vie. C'est d'ailleurs la manière dont j'aime aborder les choses avec mes coachés : le sport doit être au service de ta vie et non l'inverse.

• Si vous deviez faire un jogging avec un sportif de renom, lequel serait-ce ? Et quelles questions lui poseriez-vous (si vous arrivez à courir à son rythme et qu’il vous reste encore un peu de salive) ?

  J'ai cité des sportifs qui m'ont inspiré par leurs exploits précédemment, mais j'aimerais maintenant parler de ce qui m'inspire plus que tout chez un sportif de haut niveau : l'humilité. Les sportifs humbles gardent à l'esprit que ce n'est pas parce qu'ils sont les meilleurs dans leur sport qu'ils n'ont plus rien à apprendre. Ils continuent à écouter, appliquer les conseils, à développer d'autres compétences tout aussi importantes que le sport dans leur vie familiale, professionnelle, personnelle... Nulle besoin d'être modeste : tu peux être le meilleur dans ta catégorie et le revendiquer, personne n'aura rien à y redire. Mais, si tu deviens un bon sportif, reste humble et curieux.
  Pour cette raison, le sportif qui m'inspire le plus par ses valeurs et par son état d'esprit est Roger Federer : un bon sportif, un bon ami, un bon père de famille, un bon chef d'entreprise... Il n'a pas toujours été parfait, mais il travaille à devenir meilleur chaque jour et dans de nombreux aspects de sa vie. Le sport ne le définit pas : il est bien plus que ça. Et en plus, son jeu de tennis est beau à voir...
  Roger, par pitié : lis ce message et viens faire un jogging avec moi. Et dis-moi comment tu fais pour être aussi bon dans tout ce que tu fais...
  (Aucune offense envers les fans de Djokovic, Nadal ou Murray : j'aime aussi énormément ces 3 champions).

• Comment vous y prenez-vous pour qu’un élève garde “l’oeil du tigre” et persévère dans l’effort ?

  J'essaie toujours d'être la "preuve par l'exemple" : personne n'est parfait, tout le monde passe par des moments de doute, et tout le monde, dans tous les cas, commence quelque part.
  En tant que kiné, chef d'entreprise et sportif, j'expérimente à l'avance les épreuves par lesquelles passent mes coachés : j'ai déjà été débutant dans un sport, j'ai déjà abandonné, j'ai déjà été extrême envers la musculation (6 séances de 2h30 par semaine en délaissant ma vie sociale : inutile...), j'ai déjà vécu des périodes où il était difficile de continuer à cause des contraintes de la vie quotidienne, j'ai failli abandonner de nombreuses fois...
  
  D'un autre côté, j'ai aussi vécu des périodes sans sport, sans énergie, stressé, anxieux, avec une perte de sens... et c'est le sport qui m'a remis sans cesse sur le droit chemin.
  
  Je sais donc exactement ce que peuvent penser mes coachés, qui ont leur travail à plein temps, leur entreprise, leurs enfants, leur famille, leurs activités, leur vie sociale, sentimentale... Je sais trouver les mots justes pour les aider à s'y tenir, et leur montrer le bon chemin à suivre pour le faire. Je sais aussi simplifier les séances lorsqu'ils sentent que ce n'est pas le moment de progresser mais plutôt de maintenir (à l'arrivée d'un enfant, à l'approche d'un mariage, dans des périodes de "rush" au travail, à certains moments où d'autres sports représentent une plus grande priorité...). En bref : j'écoute, je m'adapte et j'équilibre.

• Qu’est-ce qui fait de vous un super sportif… et un Superprof ?

  Plus que les qualités sportives dont j'ai peut-être un peu trop venté les mérites jusqu'ici (il faut savoir se vendre...), ma qualité principale de SuperProf provient certainement de ma formation de kiné, qui m'a appris :
  
  - La biomécanique, poussée à l'extrême, mais que j'ai appris à simplifier pour mes patients et mes coachés ;
  - La gestion de la douleur et des blessures, par la compréhension de toutes les pathologies du sportif et ce qui les provoque ;
  - L'adaptabilité à tous les profils et la progressivité à partir d'un point de départ unique ;
  - Les compétences sociales et la compréhension de la psychologie ;
  - La connaissance du mécanisme des habitudes : ce qui les crée et ce qui permet de s'y tenir.
  
  Faire progresser une personne est la chose la plus passionnante qui soit. Si je peux le faire sur des dizaines voire des centaines de personnes, je me sentirai réellement accompli.
  
  Je garde sans cesse en tête cette chose : j'aurais pu choisir d'être un kiné "ordinaire" : ma vie aurait été bien plus simple et confortable. Mais j'aspire à bien plus : je veux transformer des vies.