Si l'anglais est incontestablement la langue indispensable à Bruxelles, il ne faut pas oublier les autres langues étrangères qui émergent et font de Bruxelles une ville cosmopolite.

Alors, qu'en 2006, la population hispanophone se situait à environ 7,3% de la population totale à Bruxelles, ce chiffre a largement dépassé la barre des 10% aujourd'hui.
Ce qui signifie donc purement et simplement qu'à Bruxelles, plus de 14 personnes sur 100 parlent espagnol, ce qui est énorme ! Mais comment cela se fait-il ?
pays européen à compter le plus d'hispanophones ?
Il faut bien comprendre que la communauté hispanophone présente en Belgique n'est pas uniquement issue de l'Espagne, loin de là ! La Belgique compte de très nombreux résidents originaires d'Amérique latine. Or, la culture, l'éducation et la religion diffèrent selon ces différents pays, qui s'entremêlent donc en Belgique, principalement autour de Bruxelles.
Origines et composition des communautés hispanophones en Belgique
Immigration espagnole et latino-américaine
Bien que l'immigration latino-américaine soit l'une des branches les plus présentes dans le pays, comparée à l'immigration européenne (dont espagnole), américaine du Nord, asiatique ou encore africaine subsaharienne, cette immigration implique une ouverture à de nouvelles cultures, riches et variées.
On dit bien souvent que la Belgique est une terre d'immigration favorisée en Europe, mais pourquoi est-ce le cas ?
En ce qui concerne l'immigration principalement espagnole, il faut savoir que le phénomène a réellement débuté après la Seconde Guerre mondiale.
La Belgique a du mal à reconstruire efficacement le pays suite à la guerre, car en effet, en 1945, la production annuelle des charbonnages belges a drastiquement baissé : elle ne s'élève plus qu'à la moitié de sa production totale d'avant-guerre.

Il faut donc envisager une solution d'urgence et la Belgique a besoin de travailleurs étrangers pour sa main d'œuvre.
Il faut savoir qu'à l'époque, le charbon est alors la principale source d'énergie !
afin de garantir une main d'œuvre.
Cette immigration concerne principalement la période de 1956 à 1974. Les Espagnols fuyaient également la dictature de Franco, et recherchaient un cadre de vie meilleur. Plus tard, ils commenceront à se tourner vers les métiers du tertiaire (les services). Le fait que Bruxelles soit nommée capitale de l'Europe a bien entendu attiré encore plus d'étrangers en son sein.
Pourquoi Bruxelles ? Les raisons sont multiples, et il faut garder en tête que Bruxelles n'était absolument pas la seule option : Paris avait été évoquée, de même que Strasbourg, Chantilly, Milan... Les Italiens abandonnent rapidement l'idée, tandis que les Allemands refusent Paris, sans surprise. Il n'y a alors que 6 pays membres de l'UE, à savoir : la France, l'Italie, l'Allemagne et le Benelux (Pays-Bas, Belgique, Luxembourg).
C'est une ville centrale et étendue avec du terrain disponible. La ville a acquis une envergure internationale. Et dans les années 1990, le Thalys a été le coup de génie qui lui a vraiment permis de devenir la capitale des Européens.
Sylvain Kahn, spécialiste des questions européennes à Sciences Po
Le Thalys est le nom commercial d'un service de TGV circulant entre plusieurs pays autour de l'axe Paris-Bruxelles.
Cependant, un nouveau type d'immigration hispanique a survenu beaucoup plus récemment en Belgique : l'arrivée des étrangers de pays d'Amérique latine. Il s'agit principalement d'une immigration provenant des pays suivants :

- le Mexique
- la Colombie
- le Pérou
Cette immigration latino-américaine a en réalité des raisons beaucoup plus complexes que l'Espagne après la guerre, car il ne s'agit pas d'une immigration en un flux. Leur musique s'est également importée !
Là où les Espagnols fuyaient le régime de Franco et recherchaient une vie meilleure, les Colombiens, Mexicains, Péruviens et autres n'ont pas réalisé d'immigration massive en même temps, au même moment.
l'Opération Condor.
De nombreux pays latino-américains voient alors s'installer des dictatures éliminant les personnages jugés "subversifs" envers la politique actuelle en Amérique latine, avec l'aide tacite des États-Unis, ce qui aboutit à une sorte de chasse aux sorcières enfouie et discrète.
Dans les années 1970 donc, de nombreux Chiliens, Argentins, Boliviens, Uruguayens et Paraguayens s'enfuient et émigrent, notamment, en Belgique.
Les années 1990 et 2000 voient les habitants de ces pays subir de fortes crises économiques, les amenant tout d'abord à émigrer vers l'Espagne, puis, une fois la crise ibérique en 2008 débutée, ils décident de se diriger plutôt vers d'autres pays européens ne connaissant pas de crise économique, tels que la Belgique.
Ils ont emmené avec eux leur gastronomie traditionnelle, également !

Répartition géographique
La Flandre est la région de Belgique au sein de laquelle le pourcentage de personnes immigrées est le plus bas. La Wallonie comporte un assez fort taux, tandis que la région de Bruxelles-Capitale se situe en haut de la pyramide !
de personnes immigrées.
Bruxelles comporte un très fort taux d'étrangers en son sein, mais étrangement, il ne s'agit pas de la ville la plus concernée ! En effet, ce sont quatre autres villes qui disposent du plus haut pourcentage d'immigrés hors UE, avant Bruxelles en 5e position :
- Ixelles : 49 %
- Etterbeek : 49 %
- Saint-Gilles : 48 %
- Saint-Josse-ten-Noode : 41 %
à ce jour en Belgique.

Cela représente un peu plus de 5,35% de la population actuelle en Belgique, ce qui demeure beaucoup. Environ 1 personne sur 20 en Belgique parle espagnol, que ce soit en tant que première ou seconde langue...
Parmi ces plus de 632 000 personnes hispanophones, on compte environ 97 000 personnes issues de pays d'Amérique latine ainsi que des Caraïbes !
Voici un petit aperçu de la répartition de la population hispanique non-Belge, n'ayant donc pas acquis la nationalité belge (Espagne, Amérique latine & Caraïbes) en Belgique, avec l'aide du site Statbel :
| Région de Belgique (et provinces où la population hispanique étrangère est la plus élevée) | Population |
| Flandre | 48 000 |
| Province d'Anvers | 17 000 |
| Province du Brabant flamand | 13 000 |
| Flandre orientale | 9 000 |
| Wallonie | 19 000 |
| Province de Liège | Pratiquement 6 000 |
| Bruxelles-Capitale | 29 000 |
Association et organisation hispanophone : la Sociedad Hispano-Belga de Ayuda Mutua
L'intégration passe avant tout par de l'aide, et qui fournit bien souvent cette aide ? Les associations. En Belgique, certaines associations telles que la Sociedad Hispano-Belga de Ayuda Mutua permettent aux personnes immigrées de se sentir chez elles, de s'intégrer, d'apprendre la langue du pays et de trouver, éventuellement, un travail en Belgique.
à Saint-Gilles, l'une des 19 communes bilingues de Bruxelles-Capitale.
La SHBAM (Société hispano-belge d'aide mutuelle en français) est une ASBL créée avant tout par et pour les immigrants espagnols arrivés en Belgique durant l'après-guerre. La première vague d'immigration n'avait aucun repère, alors la SHBAM chercha à remplacer ce manque de soutien social initial.
Au fil du temps, l'association sans but lucratif est devenue une véritable aide à tous les niveaux :
- juridique
- social
- dans l'éducation
- dans le domaine de la santé
- professionnel...
L'association dispense des cours de français de niveau primaire, mais elle accueille également les jeunes primo-arrivants (12-18 ans) avec, entre autres, des cours de FLE durant les vacances d'été.
Les adultes disposent également de cours de FLE, et les seniors bénéficient d'un lien d'échange permettant de ne pas sombrer dans l'isolement.
De très nombreuses activités ludiques sont organisées, à la fois dans le sport, les jeux de mémoire, les activités musicales, des projections de films ou encore des sorties (excursions) !
Le but est ainsi de ne surtout pas rester au sein de la communauté mais au contraire d'avoir toutes les clés en mains pour pouvoir mener une vie riche et jouissive au sein de la Belgique, sans pour autant perdre contact avec sa communauté d'origine.

Éducation et cours de langue pour les hispanophones en Belgique
Lorsque l'on est primo-arrivant, on peut se sentir bien seul(e), isolé(e) et sans aucune idée de comment s'en sortir pour trouver un logement, un emploi et communiquer avec le reste de la population. Bien entendu, de nombreux centres spécialisés dispensent des cours de FLE, de même que des associations telles que la Sociedad Hispano-Belga.
Parmi l'ensemble des écoles primaires et secondaires disposées en Belgique wallonne et bruxelloise, seul le Lycée Français Jean Monnet propose un cursus dans lequel l'espagnol est proposé. Ainsi, au collège, vous choisissez parmi deux sections, à savoir Français - Anglais ou Français - Allemand, et vous pouvez ensuite choisir l'espagnol comme langue complémentaire, dès le collège donc.
Les élèves du Lycée Français Jean Monnet peuvent participer s'ils le souhaitent au projet intitulé "l'Orchestre des lycées français du monde" (l'OLFM), rassemblant un total de 70 élèves musiciens recrutés parmi ces lycées. Si vous avez la chance d'être sélectionné(e), alors vous pourrez participer aux 2 concerts organisés à l'année, dans des salles prestigieuses à Madrid par exemple !
L’École Européenne de Bruxelles III (EEB3), située à Ixelles, ainsi que l'École Européenne de Bruxelles I (EEB1) (à Uccle et Forest), proposent des programmes bilingues. La première offre un parcours dans 7 sections linguistiques, dont l'espagnol, et la deuxième dans 13 sections linguistiques.
Enfin, l’International School of Brussels (ISB), école privée située à Bruxelles, offre un parcours très spécifique que l'on ne retrouve pas ailleurs :
L’ISB propose [...] un programme unique de langue maternelle, intégré pendant le temps scolaire et dans l’emploi du temps des élèves. Ce programme a été mis en place dans la Lower School lors de l’année scolaire 2024-2025, avec des cours dans les cinq langues les plus parlées à la maison [...] : le coréen, l’espagnol, l’hébreu, le suédois et le japonais.
Site de l'International School of Brussels


















