Pianiste, compositeur et professeur de piano expérimenté donne cours de piano (classique, jazz, etc.) sur un magnifique piano à queue en plein centre de Bruxelles !

En savoir plus sur Valentin

• Depuis quand développez­-vous une passion pour la musique et plus particulièrement pour votre instrument de prédilection ?

  Cela remonte à des temps immémoriaux !
  
  
  
  Avec une mère chanteuse lyrique et un père pianiste de jazz, je n'avais pas la moindre chance d'échapper à une éducation musicale dès mon plus jeune âge. Mais avant même que le piano ne me tombe dessus (au sens figuré bien sûr), je pense que ma sensibilité à la musique s'est construite par l'écoute, ou au moins par l'exposition, depuis toujours, à une quantité phénoménale de musique, qu'il s'agisse de musique baroque, d'opéra, de jazz moderne, de musique arabo-andalouse et j'en passe.
  
  
  
  À mon avis, une jeune oreille digère et assimile tout ce à quoi on l'expose, et elle ne sera jamais mieux éduquée qu'en étant stimulée par un spectre élargi, le plus varié possible, en termes de styles musicaux, de cultures, de sonorités, de rythmes, et cætera. C'est d'ailleurs un conseil que je donne aux jeunes parents désireux de susciter une curiosité et un intérêt chez leur(s) enfant(s) pour la musique : il n'y a aucun moyen de garantir à 100% qu'un enfant développera à coup sûr une passion pour la musique (et heureusement), mais je suis persuadé que la meilleure façon de l'y mener sera d'éveiller sa sensibilité à la musique, aux musiques même. Et pour cela, pas de secret, il faut en écouter !
  
  
  
  Bref, en fin de compte, la musique et le piano font partie de ma vie depuis toujours, et ma passion reste intacte !

• Quelle musique pouvez-vous écouter en boucle avec toujours le même plaisir (et sans devenir dingue) ?

  Il m'arrive assez régulièrement d'avoir des accès obsessionnels monomaniaques avec un titre, un album ou un artiste. Difficile, donc, de n'en citer qu'un.
  
  
  Cela dit, je pense qu'il existe un réel intérêt dans le fait d'écouter une pièce en boucle. D'abord, pour le plaisir, évidemment, mais aussi dans l'idée de découvrir toutes les facettes d'un morceau, d'en explorer toutes les strates. Disséquer la musique permet parfois de l'apprécier encore davantage. Je sais que je m'éloigne un peu de la question initiale, mais c'est un sujet passionnant !
  
  
  Avec le répertoire classique par exemple, il serait possible d'écouter le même morceau chaque jour, mais interprété par un artiste différent (ou par un même artiste à un moment différent de sa carrière). Autant dire qu'il ne s'agira jamais du même morceau ! Et comparer différentes versions d'une même œuvre entre elles est un exercice très enrichissant. Cela permet en premier lieu d'observer les différences qui peuvent exister entre deux visions distinctes d'une œuvre, et de mieux comprendre l'ampleur de ce qu'un choix d'interprétation peut produire (en termes d'émotions, de sonorités, de narration, même) ; et, dans une autre mesure, cela permet aussi de mieux se situer soi, en tant que musicien, par rapport aux affinités que l'on va développer avec l'une ou l'autre version d'une même pièce. Voici un exemple qui illustre parfaitement mon propos : écoutez une fugue de Bach jouée par Richter, et puis la même fugue de Bach interprétée par Glenn Gould, et vous verrez que l'un et l'autre, en jouant exactement les mêmes notes, ne racontent pas la même histoire.
  
  
  En jazz, même chose ! Il existe un très grand nombre de standards de jazz, certains plus connus que d'autres (Autumn Leaves, Stella by Starlight, My Funny Valentine, etc.) qui, sur papier, se limitent généralement à une simple mélodie et à une grille harmonique. Cette base relativement réduite sert de terreau au musicien de jazz qui y développe son propre langage, son style et sa vision. Ainsi, un même standard de jazz interprété par Bill Evans, Chick Corea ou Thelonious Monk ne sera jamais le même ! Mieux encore : un même standard, interprété par le même musicien, ne sera jamais le même d'un concert à l'autre. Chaque interprétation est une pièce unique, non reproductible.
  
  
  Bref, pour quand même répondre à la question, les morceaux que j'écoute en boucle en ce moment précis sont (liste non exhaustive) :
  
  Lament de Keith Jarrett (album At The Blue Note)
  L'étude en do dièse mineur, Op. 2, No. 1 de Scriabine par Horowitz
  Freestyle Couvre feu (OKLM Radio) d'Alpha Wann
  Alfonso Muskedunder de Todd Terje

• Parlez-nous du cours le plus difficile ou étonnant que vous avez pu donner !

  Je ne me rappelle pas d'un cours qui sorte du lot en particulier. Cela dit, les cours donnés à de très jeunes élèves s'avèrent souvent assez difficiles, surtout en termes d'enjeux ! En effet, l'on se retrouve en partie responsable, en tant que professeur, de l'intérêt que le jeune élève développera pour l'instrument et la musique. Dégoûter un enfant du piano est la pire chose qui puisse arriver à un professeur, à mon avis. Il faut donc très vite parvenir à établir une connexion avec l'enfant, à capter son attention et sa concentration (souvent fragile) tout en amenant une dimension ludique à la leçon. C'est à la fois effrayant et extrêmement gratifiant.
  
  Dans un tout autre registre : un cours peut être particulièrement éprouvant lorsque l'on se retrouve face à un très mauvais instrument. Ainsi, lorsque je me déplaçais encore chez mes élèves, il m'est arrivé de donner cours sur des claviers « jouets » médiocres et à peine jouables, rendant le bon déroulé du cours quasiment impossible. Je ne blâme évidemment pas les personnes qui possèdent ce genre d'instruments ! Ils sont généralement peu coûteux, et représentent à ce titre une alternative plus que sensée lorsqu'on débute. Mais apprendre le piano sur un pareil instrument empêche malheureusement d'accéder au dixième de ce qu'un véritable instrument offre en matière de son, de toucher et de sensations.
  
  C'est en partie pour cette raison que j'ai décidé de donner cours chez moi sur un magnifique piano à queue, parfaitement réglé !

• D'après vous, quel est l'instrument le plus compliqué à maîtriser et pourquoi ?

  Je pense que comparer les instruments entre eux, en termes de difficulté, est non seulement impossible, mais surtout complètement stérile. Un instrument n'en est pas un autre, et chacun possède son lot de difficultés, à des degrés différents et selon une infinité de critères.
  
  
  Un instrument monodique (comme la trompette, la flûte ou le hautbois) ne permet de jouer qu'une note à la fois, alors que le piano, instrument polyphonique par excellence, permet de claquer des accords de douze notes à la chaîne. À ce titre, l'on pourrait dire que le piano est plus difficile. Oui, sauf que pour faire sortir un son du piano, il suffit d'enfoncer une touche (même si le travail du son au piano ne doit absolument pas être réduit à cela), alors que faire sortir un son d'une trompette (qui plus est un son juste, et beau) est une véritable gageure lorsqu'on n'y est pas habitué, et relève plutôt de l'exploit. De la même manière, la justesse, au piano, ne dépend que de la qualité et de la fraîcheur du dernier accord de l'instrument (à savoir la dernière fois qu'il a été accordé). Ainsi, si l'on appuie sur la touche « mi », l'on obtient un mi. Par contre, pour des instruments comme le violon ou le violoncelle, par exemple, la justesse est loin d'être une question aussi simple. Un mi peut être joué un peu plus bas, un peu plus haut, et peut vibrer au gré de la volonté et de la maîtrise du musicien (alors qu'un vibrato au piano est impossible).
  
  
  Quel sport est le plus difficile ? Le saut en hauteur ou le billard ? Le tennis ou le rugby ? L'on voit bien que ces questions n'ont pas de sens. Un basketteur aura raison de trouver le basketball plus facile que le patinage artistique (à moins qu'il ne se soit trompé de carrière), et chacun aura développé (pour un nombre incalculable de raisons) un intérêt plus marqué pour une discipline plutôt qu'une autre. Si une personne éprouve plus de facilité à jouer de la batterie que du violon, cela ne veut pas dire que le violon est plus difficile que la batterie, mais plutôt que la personne a des facilités pour la batterie, là ou quelqu'un d'autre aura plus facile au violon. Il n'y a pas de règle.
  
  Je répondrais donc ceci : l'instrument le plus difficile du monde est celui qui ne vous passionne pas. En revanche, il n'y a pas d'instrument plus facile à apprendre que celui qui vous donne envie de pratiquer toujours plus.

• Quelles sont, pour vous, les clés de la réussite (hormis celles de Sol et de Fa) ?

  À mon sens, l'envie est le moteur principal pour parvenir à ses fins, quel que soit le domaine, d'ailleurs. Mais à la fois, je trouve ce genre de réponses simplistes un peu tronqué. Soyons honnêtes ! Il arrive, dans tout parcours, que l'envie fluctue. Il y a des périodes où on a moins envie, où la passion semble s'être évaporée, où l'on se sent découragé, et cela n'a rien d'anormal ; c'est la vie, et nous ne sommes pas des robots. L'idée n'est donc pas de dire à quelqu'un qui se trouverait dans cette situation d'abandonner, ça serait dommage (pour ne pas dire stupide).
  
  Au contraire, c'est en acceptant ce genre de passages à vide que l'on devient capable de passer outre, et de persévérer malgré tout. Apprendre le piano est un vaste projet, qui s'étend au-delà des obstacles qui peuvent ponctuellement faire ressentir du découragement.
  
  Le tout est de ne pas abandonner.
  
  Des personnes qui regrettent d'avoir laissé tomber l'apprentissage du piano (ou d'un autre instrument), de ne s'être pas accroché suffisamment lorsqu'ils étaient plus jeunes, ou même qui en veulent à leurs parents de ne pas les avoir poussés un peu plus dans les moments de doute, et de découragement, j'en ai croisés des centaines. À ces personnes, je dis d'ailleurs : il n'est jamais trop tard ! Réservez un cours ! En revanche, je ne connais pas un(e) seul(e) musicien(ne) qui regrette d'avoir appris la musique. Pas un(e) seul(e) !
  
  Alors, si vous ressentez l'envie de vous lancer dans l'apprentissage du piano, parfait !Lancez-vous ! Ça ne sera pas toujours un long fleuve tranquille, et je ne peux pas vous garantir que cela sera de tout repos, ni que vous n'éprouverez jamais le moindre sentiment de frustration ou de découragement. Mais je peux vous promettre que vous ne le regretterez pas.

• Citez 3 musiciens avec lesquels vous rêveriez de faire un boeuf dans un bar à 2 h du mat et dites-nous pourquoi !

  Je dirais Keith Jarrett, parce qu'il est, à mon sens, l'un des plus grands génies vivants de la musique (et du piano). Stevie Wonder, parce que c'est Stevie Wonder, tout simplement. Et Jean-Sébastien Bach pour qu'il puisse voir ça !

• Une anecdote à raconter en rapport avec votre métier ou votre scolarité (et pas forcément la fiesta que vous avez faite suite à votre entrée au Conservatoire) ?

  Et bien, en parlant de Conservatoire, une anecdote me vient à l'esprit.
  
  Alors que je poursuivais mes études de peinture à l'Académie Royale des Beaux-Arts de Bruxelles, j'avais également intégré un groupe de musique, en tant que pianiste/claviériste, avec lequel je me produisais beaucoup (et ça a duré des années). Tous les membres du groupe (sauf moi) étaient étudiants au Conservatoire Royal de Bruxelles. Dès lors, il m'arrivait très souvent d'en arpenter les couloirs, de passer du temps dans les parties communes, et surtout d'y répéter.
  
  Au fil des mois et des années, je suis devenu un habitué du Conservatoire. Je connaissais la plupart des visages des étudiants (et vice-versa), et je m'étais fait pas mal d'amis. Cela me permit d'être régulièrement invité aux soirées du Conservatoire (y compris celles spécialement prévues pour les étudiants).
  
  Avec le temps, je me suis rendu compte que tous les étudiants avec lesquels je parlais étaient persuadés que j'étais inscrit au Conservatoire. Les musiciens pensaient que j'étudiais l'art dramatique et les comédiens se disaient que j'étais inscrit du côté « musique ». Même le concierge a fini par me prendre pour un étudiant !
  
  C'était donc toujours amusant de révéler aux personnes qui me demandaient en quelle année j'étais, ou comment s'était passée ma session d'examens, que j'étais en réalité un étudiant des Beaux-Arts infiltré malgré moi au Conservatoire.

• Quel est votre petite touche qui fait de vous un Superprof adoré par tous ses élèves ?

  C'est à mes élèves qu'il faudrait le demander !
  
  Tout ce que je peux dire, c'est que je fais mon possible pour continuer d'évoluer et de progresser en tant que pédagogue. Je ne me repose pas sur mes lauriers, et je m'efforce de cultiver mon ouverture d'esprit, ma capacité d'écoute et de compréhension ; je fais de mon mieux pour m'adapter à chaque nouvel élève, afin de créer une relation de confiance, solide et durable.
  
  Je pense (ou en tous cas j'espère) que j'arrive à transmettre ma passion pour l'instrument et pour la musique. Enseigner le piano ne se résume pas seulement à « apprendre à quelqu'un à jouer ». J'essaie de cultiver l'envie, le plaisir et la curiosité de mes élèves. Il s'agit de donner le goût de la pratique du piano, d'éduquer et d'éveiller l'oreille à de nouvelles choses, d'apprendre à exprimer sa propre sensibilité à travers la musique, en réalisant l'ampleur de ce qui peut être raconté lors de l'exécution d'un passage, d'une phrase, ou même d'une simple note !
  
  Mon but est de créer un environnement qui convienne à l'élève, et qui lui permette de s'épanouir dans son apprentissage. Je mets ma créativité au service des besoins de la personne qui se trouve en face de moi. En effet, il existe mille façons d'expliquer un même concept, mille manières d'aborder une nouveauté ou une difficulté, et c'est au pédagogue de trouver quel chemin sera le plus adapté en fonction de l'élève. Ça n'est jamais gagné d'avance, et penser qu'il existe une meilleure façon d'appréhender l'un ou l'autre concept, l'une ou l'autre difficulté, est un non-sens.
  
  Je pense qu'un bon professeur doit pouvoir faire preuve de sensibilité, d'instinct et de justesse. Je ne sais pas dans quelle mesure j'y parviens, mais j'y mets tout mon cœur.