Entrée à l'Académie Française le 6 mars 1980, Marguerite Yourcenar est avant tout une femme de lettres, une écrivaine célèbre de la langue française et donc l'une des auteures que vous étudierez principalement en cours de français. Dix jours après sa naissance, sa mère, Fernande de Cartier de Marchienne, femme belge de la noblesse, décède. Son père, Michel Cleenewerck de Crayencour, lui ayant donné son véritable nom, provient de la bourgeoisie de la Flandre française. Marguerite Yourcenar est bien une femme écrivain française, malgré le fait qu'elle soit bien née à Bruxelles. Découvrons un petit peu qui était réellement Marguerite Yourcenar, non seulement la femme politique française rentrée à l'Académie en 1980, mais également l'écrivain, à savoir la femme de lettres, ayant rédigé romans, pièce de théâtre, œuvres et essais… C'est parti !
Qui était Marguerite Yourcenar ? Etait-elle française, belge ou américaine ?
Suite à la mort de sa mère 10 jours après sa naissance, Marguerite Cleenewerck de Crayencour, dite Marguerite de Yourcenar, est élevée par sa grand-mère dans le Nord de la France. Marguerite possède la nationalité française, et elle suit son père au cours des années 1920 au sein de multiples voyages, voyages durant lesquels l'écrivain française va commencer à exercer sa plume et à sortir quelques livres. Elle n'était alors pas encore connue tel que l'était par exemple Proust ou d'autres auteurs ayant fait leurs preuves !
C'est durant ces voyages qu'elle découvre la villa d'Hadrien à Tivoli, menant à la rédaction de son ouvrage le plus connu : Mémoires d'Hadrien. Ce livre roman écrit en français la consacre réellement en tant qu'auteur française mondialement reconnue, en France mais également dans les autres pays, avec un succès tout particulier à Bruxelles et globalement dans toute la Belgique. C'est en 1947 que Marguerite Yourcenar obtient la nationalité américaine en tant que femme naturalisée, car elle s'était en effet entre temps éloignée de la France en 1939 au vu de la guerre qui menaçait alors en France. Elle reçut donc la nationalité américaine 8 ans plus tard, malgré sa littérature française.
Ses positions envers le féminisme de l'époque
Marguerite Yourcenar fut très régulièrement interrogée quant à ses idées et prises de position envers le féminisme. En tant que femme française de lettres étudiée en cours de francais bruxelles, étant parfaitement consciente que les femmes des générations précédentes ne pouvaient écrire et donc laisser de traces dans la littérature française comme belge, anglaise, américaine ou autre, Marguerite Yourcenar ne sympathisait pas pour autant avec la vision du féminisme de l'époque. Lorsqu'on l'interviewait et qu'on lui parlait de féminisme, Marguerite Yourcenar ne savait trop se positionner, indiquant que la question était complexe et assez houleuse.
Marguerite Yourcenar refusait d'être de tout cœur avec les mouvements féministes de l'époque, et ce pour une seule raison. Marguerite Yourcenar adhérait à la majeure partie des idées promues par les féministes de l'époque, tel qu'un salaire égal à compétences égales pour les femmes et les hommes, la question de la liberté de l'avortement ou encore les biens appartenant aux femmes. Mais cependant, l'écrivain française refuse de considérer que les femmes doivent combattre les hommes. Elle estime que trop de féministes cherchent à écraser les hommes, et souhaiterait plutôt une sorte de combat non agressif visant à, par la suite, faire cohabiter paisiblement les hommes et les femmes. Pour vous imprégner du français de Victor Hugo par le biais d'un roman mais également de la découverte de sa vie, c'est par ici, si vous le souhaitez !
Yourcenar a tout de même pu démontrer ses doutes quant au droit à l'avortement ou encore quant au fait que les femmes souhaiteraient travailler "tout comme un homme". Ses prises de position pouvaient paraître étonnantes pour l'époque, sachant qu'elle était alors la 1ère femme parvenant à entrer au sein de l'Académie française, entrée si fermement gardée. La nature humaine est décidément complexe !
L'entrée de l'écrivain femme au sein de l'Académie Française en 1980
L'entrée de Marguerite de Yourcenar au sein de l'Académie française en 1980 ne fit pas du tout l'unanimité, malgré l'énorme succès qu'avait remporté son livre phare, Mémoires d'Hadrien, et d'ailleurs malgré le fait qu'elle était mondialement reconnue comme une écrivain française célèbre étudiée en cours de français, auteure d'essais, de pièce de théâtre, de romans, de poèmes, de critiques littéraires ainsi que de biographies. Exclusivement masculine (ce qui n'a pas beaucoup changé depuis d'ailleurs), l'Académie Française à cette époque ne tolérait pas, pour la plupart de ses membres, la présence d'une femme. Marguerite Yourcenar prit position envers ceci, en décidant de ne pas accabler ses collègues mais plutôt de considérer que les hommes n'étaient pas misogynes en ayant ce comportement, mais qu'ils suivaient simplement les mœurs de l'époque…
Parmi les citations dénombrées qui peuvent être considérées comme symboliques en France, et ayant pu faire bouger les choses en tant que marqueurs sociaux, nous pouvons notamment parler de cette phrase énoncée par un collègue français d'alors de Marguerite Yourcenar à l'Assemblée française : "Ce n'est pas parce que vous êtes une femme que vous êtes ici, c'est parce que vous êtes un grand écrivain que vous êtes ici. Être une femme ne suffit toujours pas pour s'asseoir sous la Coupole, mais être une femme ne suffit plus pour être empêchée de s'y asseoir". Des citations d'Aimé Césaire, par exemple, peuvent également venir s'ajouter aux citations retenues de Marguerite Yourcenar, pour ajouter plusieurs cordes à votre arc de la langue.
Une très grande méfiance vis-à-vis du progrès des sociétés occidentales
De telles prises de position de Marguerite Yourcenar peuvent trouver finalement un écho dans ce qui ressort le plus de ses œuvres de littérature, qu'il s'agisse de ses essais, romans ou autres : la peur du progrès et de l'avancée.
L'écrivain française est très claire sur ce sujet : elle refuse de voir le progrès humain, français comme mondial, comme quelque chose de positif et de prometteur. Pour Marguerite Yourcenar, le monde va trop vite et fait peur, notamment en raison de ses nombreux excès. En termes d'excès, l'auteur parle en effet à plusieurs reprises, dans ses œuvres mais également dans ses interviews :
- des excès de vitesse en voiture principalement
- de la trop grande vitesse de développement de toutes les sociétés et industries du monde
- de la société de consommation, limitant de plus en plus selon elle la liberté des individus
- de la dégradation de la nature de par la main humaine
- du surpeuplement de la Terre qui, selon elle, est dangereuse et met également en danger la valorisation de chaque individu étant donné que nous ne serions plus qu'un tas d'individus
Marguerite Yourcenar avait compris à quel point les médias d'information sont contrôlés et empêchent une trop grande liberté des individus, également. Après avoir vécu l'horreur des deux Guerres Mondiales, Marguerite Yourcenar estime que de prochaines guerres seront inévitables. Dans sa peur du progrès, elle estime également que l'appauvrissement de la langue française mène inévitablement à l'appauvrissement de la pensée humaine, française et autre.
Yourcenar et son œuvre : l'écrivain française symbole de l'écologie actuelle
Bien avant les slogans écologistes à foison de nos époques actuelles, l'écrivain française émet des doutes quant aux dégâts de l'être humain sur le monde. Selon elle, l'humain finira par tuer l'humain, et la nature avec. On se rapproche un peu de l'existentialisme français de Camus, ici... Elle déplore à l'époque ce que ce siècle aurait causé comme dégâts non seulement à l'environnement mais à la nature humaine également, rendant selon elle les humains plus violents encore car plus malheureux.
Elle insiste sur le fait que chaque individu doit faire des efforts individuels, de son côté, et ainsi éviter au maximum le gaspillage et la pollution de l'air ainsi que de l'eau. Elle considère également que la surpopulation qui se déroulait déjà selon elle à l'époque menaçait l'être humain. Dans son livre Comme l'eau qui coule, recueil de "romans courts ou de longs récits" (selon Yourcenar elle-même) parmi lesquels Un Homme obscur, l'auteur française naturalisée américaine énonce clairement ses fortes prises de position écologistes. Les lecteurs défenseurs de la nature y trouveront une source inépuisable de citations ! A titre d'exemple, citons les citations marquantes :
- "Je me dis souvent que si nous n'avions pas accepté, depuis des générations, de voir étouffer les animaux dans des wagons à bestiaux, ou s'y briser les pattes comme il arrive à tant de vaches et de chevaux, envoyés à l'abattoir dans des conditions absolument inhumaines, personne, pas même les soldats chargés de les convoyer, n'aurait supporté les wagons plombés de 39/45. Si nous étions capables d'entendre le hurlement des bêtes prises à la trappe (pour leur fourrure), nous ferions sans doute plus attention à l'immense détresse de certains prisonniers." [Les Yeux ouverts]
- "Révoltons-nous contre l'ignorance, l'indifférence, la cruauté, qui d'ailleurs ne s'exercent si souvent contre l'homme que parce qu'elles se sont fait la main sur les bêtes. Rappelons-nous, s'il faut toujours tout ramener à nous-mêmes, qu'il y aurait moins d'enfants martyrs s'il y avait moins d'animaux torturés, moins de wagons plombés amenant à la mort les victimes des quelconques dictatures, si nous n'avions pris l'habitude des fourgons où des bêtes agonisent sans nourriture et sans eau en attendant l'abattoir."
- "La décision d'utiliser à fond certaines substances carburantes a, au cours des deux derniers siècles, lancé l'homme sur une voie irréversible en mettant à son service des sources d'énergie dont son avidité et sa violence ont bientôt abusé." [Le Labyrinthe du monde, tome 1 : Souvenirs pieux]
La littérature de la langue française tout entière est parsemée de citations célèbres aussi percutantes que mémorables... Vous voulez en apprendre d'autres et comprendre leur signification précise ?
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