Envie de connaître la véritable origine du flamand ? L'histoire du flamand est riche et précieuse, et elle témoigne de siècles d'entrelacements, de croisements de dialectes, de modifications, d'apports linguistiques phénoménaux... Alors, finalement, pourquoi parle-t-on néerlandais en Belgique au sein de la Flandre, aujourd'hui ? Depuis quand est-ce réellement le cas ? Si vous souhaitez apprendre la langue, vous pouvez notamment suivre des cours de néerlandais en ligne.
Les racines anciennes et l'origine du flamand : du francique au néerlandais
À l'origine du néerlandais que l'on parle aujourd'hui se trouve... le francique ! La langue des Francs, et oui ! La Belgique actuelle était à l'époque composée de peuples celtiques résidant donc au nord de la Gaule. Les Francs tentent à de multiples reprises d'envahir l'Empire romain, sans succès, durant les IIIe et IVe siècles. Malgré leur échec, de nombreux Francs peuvent s'installer au nord-ouest de l'Empire romain en prêtant main forte à l'armée romaine.

Progressivement donc, le fracilien s'introduit dans le territoire et se mêle aux dialectes des régions occupées.
Le vieux francique, appelé aussi bas francique, donne au fil du temps jour aux langues germaniques occidentales parlées en Belgique aujourd'hui ainsi qu'aux Pays-Bas : ce qui deviendra le néerlandais moderne.
Le vieux bas francique devient, durant le VIIe siècle, le vieux néerlandais ! Lorsque les Francs s'infiltrent au sein de l'actuelle Rhénanie, la partie ouest de l'actuelle Allemagne donc, leur capitale, Trêves, est nommée en 475 ! L'histoire du flamand ne fait que commencer...
puis roi de tous les Francs en 486.
Pendant longtemps, le vieux néerlandais côtoie alors le latin. Le vieux néerlandais est réservé au peuple, tandis que le latin est usité par l'élite. Le christianisme proclamé par Clovis, qui se fit baptiser, engendre un apport considérable du latin au sein du vieux néerlandais d'alors. Il faut savoir que contrairement au latin, le vieux néerlandais de l'époque n'était absolument pas officialisé ni standardisé !
Il s'agissait donc d'un mélange de multiples dialectes, et aucune règle ne venait officialiser la langue en elle-même. Le vieux néerlandais s'imprégna donc du latin à cette époque. Le texte de vieux néerlandais le plus ancien retrouvé fut les Psaumes de Wachtendonk, au IXe siècle ! Ce texte fut retrouvé parmi les nombreux écrits du Codex Wachtendonck, un manuscrit dont des copies furent réalisées courant XVIe siècle. En voici un court extrait, avec les traductions appliquées :
| Version originale | Version en néerlandais contemporain | Traduction française |
| Gehori Got gebet min in ne farwirp beda mina Herta min gidrouit ist an mi in forta dodis fiel ouir mi | God, verhoor mijn gebed en verwerp mijn bede niet Mijn hart is bedroefd in mij en de vrees voor de dood viel over mij | Dieu, exaucez ma prière et ne rejetez pas ma demande Mon cœur est triste en moi et la peur de la mort est tombée sur moi |
Le Moyen Âge : l’essor des villes flamandes et l’expansion du néerlandais
Durant la période médiévale, il faut savoir que les villes actuellement flamandes étaient devenues de très grandes villes marchandes, avec une portée certaine à l'international et engendrant de nombreux trafics. Gand, Anvers ainsi que Bruges furent les trois plus grandes villes flamandes marchandes !
Bruges, plus spécialement, était en concurrence avec Venise pour le titre de plus grande ville marchande d'Europe à l'époque. Il faut savoir que les deux cités deviennent les reines du commerce du sucre en Europe ! Venise se situant au sud et Bruges au nord, il n'y avait pas de concurrence directe, mais leur rivalité fut bien connue. Au début de la période médiévale, Venise avait un léger avantage, cependant certains historiens considèrent que Bruges surpassait Venise à la fin de la période médiévale, en termes d'activité commerciale.
Anvers n'avait rien à envier à Bruges, car elle devint rapidement le principal port de commerce de toute l'Europe occidentale !
Enfin, la ville de Gand demeura durant trois siècles la deuxième ville la plus peuplée d'Europe au nord des Alpes, entre le XIIe et le XVe siècles - devant Londres donc ! L'histoire de l'origine du flamand est ponctuée d'incroyables découvertes, non ?
Les très nombreux échanges commerciaux sur les quais se déroulaient donc en flamand, ce dernier n'étant cependant pas encore standardisé à l'époque !
Les différents dialectes de flamand s'imposent dans les échanges commerciaux entre Bruges et le reste du monde, obligeant les marchands du monde entier à communiquer via les dialectes flamands. Pour maîtriser ces variations, pensez aux cours de néerlandais.

environ, le vieux néerlandais se changea progressivement en moyen néerlandais.
Quelles furent les améliorations et changements notables entre le vieux néerlandais et le moyen néerlandais à partir de 1150 et jusqu'à environ 1500 ? Résumons ceci en tableau !
| Vieux néerlandais | Moyen néerlandais |
| Grammaire très complexe avec de fortes distinctions entre les différents temps | Grammaire nominale largement simplifiée |
| Verbes conjugués de manière très variée, pouvant paraître aléatoire | Conjugaison simplifiée, avec une homogénéisation globale |
| Quelques emprunts au latin, sinon le reste du vocabulaire était essentiellement germanique | Beaucoup d'emprunts au français ainsi qu'au bas allemand (avec la Ligue hanséatique) |
| Dialectes non standardisés | Emergence de dialectes écrits bien standardisés, avec l'établissement de plus en plus net de distinctions régionales |
La Domination Française et Espagnole : Une Lutte pour l’Identité Linguistique
Durant le Moyen Âge, malgré l'importance majeure du flamand en ce qui concerne les échanges commerciaux maritimes auprès des grandes villes marchandes médiévales qu'étaient Bruges, Anvers ou Gand, la langue française jouissait d'une certaine image de marque. La littérature française, plus particulièrement, commençait à doter la langue d'un beau prestige.
à 1183, ses célèbres œuvres entamant la période de la littérature courtoise.
À Anvers, en 1777, seules 10 représentations théâtrales se tenaient en langue flamande contre 72 en langue française ! Puis vint la période révolutionnaire française, qui annexa les Pays-Bas autrichiens en 1795, asseyant par là même la domination du français sur le flamand au sein de ce territoire. Il s'agit des actuelles Provinces belges et néerlandaises !
Totalement marginalisé, le flamand n'était alors absolument pas considéré comme une langue officielle au sein des textes de lois ni au sein de l'administration. Les Provinces actuelles de Belgique et des Pays-Bas reçurent des noms de départements français !

Cette occupation, ou plutôt cette annexion française ne dura que vingt ans, mais ceci engendra de profondes mutations en ce qui concerne les langues.
Le flamand n'était en effet pas appris à l'école, le peuple devait se plier à l'usage du français, devenu omniprésent !
Avec la défaite de Napoléon lors de la bataille de Waterloo en 1815, puis avec la déclaration de l'indépendance de la Belgique en 1830, les choses ont enfin pu se calmer et laisser place, peu à peu, à la reconnaissance officielle du flamand, le néerlandais de Belgique.
La reconnaissance officielle de la langue en Belgique : du Mouvement flamand aux lois linguistiques
Le chemin fut tout de même long pour que le néerlandais soit reconnu langue officielle de Belgique, malgré la déclaration d'indépendance du pays en 1830 ! Ce sont les intellectuels (artistes, auteurs, linguistes principalement ainsi que philologues) qui créèrent les prémices du Mouvement flamand, ce dernier atteint réellement un large public de partisans en 1870.
Avec une volonté de revaloriser enfin la culture flamande, de gratifier la langue en la mettant à la même hauteur symbolique que le français et avec l'envie de changer les lois linguistiques et autres en Belgique, le Mouvement flamand parvint à convaincre, après moult échanges et luttes politiques ! Les quelques associations créées pour défendre la culture et la langue flamandes permirent des avancées majeures :
- la loi du 18 avril 1873 : le néerlandais peut être utilisé au sein des administrations pénales et judiciaires, si cela est demandé par toutes les parties (ce qui était impossible avant cela !) ;
- la loi du 15 juin 1883 : le néerlandais devient langue d'enseignement en Flandre pour les sections secondaires moyennes, au même titre que le français ;
- la loi du 18 avril 1898 : enfin, le néerlandais est reconnu à égalité avec le français, à tout niveau ! Les textes de lois doivent désormais être nécessairement publiés dans les deux langues.

De multiples autres lois sont votées par la suite, en accordant toujours un peu plus de valorisation à la langue néerlandaise.
établit définitivement l'unilinguisme régional.
La Flandre doit donc désormais uniquement utiliser pour seule langue officielle le néerlandais ! À Bruxelles, et dans toute la région de Bruxelles-Capitale d'ailleurs, les deux langues sont à apprendre. De vrais défis demeurent encore cependant, tels que le problème du caractère non obligatoire de l'enseignement du néerlandais en Wallonie, alors que les petits flamands sont, eux, forcés d'apprendre le français en retour. Également, le taux de plus en plus bas de néerlandophones à Bruxelles inquiète...
Le flamand a connu une véritable reconnaissance au fil des siècles, mais cette valorisation est encore récente et doit encore continuer son chemin pour régler les problèmes linguistiques actuels en Belgique. Pourquoi ne pas en apprendre plus sur l'origine réelle et profonde de la langue flamande, via nos articles connexes ? Si vous habitez la capitale, pensez aux cours de néerlandais bruxelles adaptés à la région.


















