« La vie est comme musique, il faut apprendre son solfège pour jouer les notes justes et réaliser les œuvres complexes. » Anna Ostrovskaya
Le solfège est depuis longtemps une condition sine qua non pour commencer à jouer d’un instrument. En plus d’apprendre à jouer de la guitare ou du piano, apprendre le solfège permet notamment de développer de meilleures capacités cérébrales. Mais c'est quoi le solfège ?
Des études ont montré que des enfants ayant suivi une formation de pianiste avaient plus de facilités sur des exercices de raisonnement proportionnel. Longtemps considéré comme essentiel à l’apprentissage de la musique, le solfège est cependant de plus en plus contesté. Mais quelle est son histoire ? Est-il vraiment indispensable ?
C'est quoi le solfège ?

Le solfège est souvent une étape considérée comme indispensable pour apprendre à jouer d’un instrument. En effet, le solfège est la notation de la théorie musicale. Tel une langue à part entière, il est nécessaire d’apprendre ses règles et ses codes pour pouvoir la lire, l’écrire et le comprendre.
C'est quoi le solfège ? Le solfège est un code principalement utilisé dans le monde occidental mais il ne s’agit pas de l’unique façon d’écrire la musique. Il permet en revanche de comprendre la musique de la même manière d’un pays à l’autre, à partir du moment où on apprend son fonctionnement.
Apprendre et connaître le solfège permet notamment de pratiquer le chant, ou bien d’apprendre à jouer d'un instrument comme la guitare, le piano, le saxophone, l’accordéon, le violon, la basse, etc. Son système de notation permet de comprendre quelle note jouer, avec quel rythme, quelle nuance, etc. Ainsi, chaque musicien peut suivre la partition et savoir quoi jouer à quel moment sans se perdre. C’est notamment le solfège qui permet d’harmoniser tous les musiciens.
Grâce à cette notation, il est également possible d’apprendre à jouer un morceau sans l’avoir jamais écouté. Plutôt pratique non ?
Avant le solfège: les premières écritures musicales
Alors que le solfège se développe véritablement durant le Moyen-Âge, il existe bel et bien des traces d’écriture musicale avant cette période historique. En effet, des systèmes d’écriture ont été trouvés en Syrie, datant du 14ème siècle avant J-C. On peut notamment observer ces systèmes sur les tablettes des Chants Hourrites exposées au Musée du Louvre.
Mais le solfège fait véritablement son apparition au 3ème siècle avant J.-C. C’est dans la Grèce Antique que sont observées les premières traces d’écriture musicale avec notamment des lettres inscrites au dessus des sons des différents chants de l’époque. Ces lettres permettaient alors aux chanteurs de suivre la hauteur des sons et de comprendre comment chanter. C’est justement l’ancêtre de la notation anglo-saxonne qui utilise les lettres de l’alphabet pour retranscrire chaque note.
Via ces découvertes de la Grèce antique, les archéologues et historiens ont également pu découvrir des systèmes d’écriture retranscrivant les rythmes et les gammes. Le système de notation était donc plutôt sophistiqué et travaillé !

L’évolution du Solfège au Moyen-Âge
Ce n’est véritablement qu’au Moyen-Âge que le système du solfège tel qu’on le connaît aujourd’hui en occident se développe. À cette époque, un moine bénédictin italien du 11ème siècle, Guido d’Arezzo (992-1050), donne alors un moyen mnémotechnique à ses élèves pour retenir les notes d’un chant grégorien appelé « L’Hymne à Saint-Jean-Baptiste ». Ainsi, pour aider ses élèves avec « L’Hymne à Saint-Jean-Baptiste », Guido d’Arezzo a alors associé chaque note à la première syllabe de chaque ligne du poème que voici :
Utqueant laxis
Resonoare fibri
Mira gestorum
Famuli tuorum
Solve polluti
Labii reatum
Sancte Joannés
Avec ce poème d’origine, nous ne retrouvons pas le Do ni le Si. Le Do est pourtant bien présent dans le système de notation plusieurs siècles plus tard, au moment de la Renaissance. Certaines sources affirment alors que le Do aurait été ajouté via le mot Dominus signifiant « Le Seigneur ».
Le Si, lui, a été ajouté à peu près à la même période que le Do, au 16ème siècle. C’est notamment le compositeur Anselme de Flandres qui prouve son existence. Le dernier vers, qui était à la base « Sancte Joannés » devient alors « Sancte Iohannes » afin d’expliquer le Si.
Mais le moine bénédictin Guido d’Arezzo n’a pas fait que donner des noms aux notes de musique. Il mit également en place le système de notation basé sur quatre lignes, qu’on appelle désormais les portées. Les notes étaient alors positionnées sur les différentes lignes selon leur hauteur.
Tout ce système imaginé par Guido d’Arezzo est aujourd’hui à la base de la construction du solfège. Les lignes des portées sont désormais au nombre de cinq mais le fonctionnement de base reste le même. Ce système de notation s’est largement répandu au Moyen-Âge jusqu’à arriver à notre époque. Aujourd’hui, beaucoup de pays occidentaux continuent d’utiliser ce système dont notamment la Belgique.
Le terme de solfège a alors été inventé à partir du mot italien « solfeggio » inspiré par les notes de musique Sol et Fa.
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Solfège ou Formation musicale: l’avenir du solfège
Après l’invention du solfège par le moine bénédictin Guido d’Arezzo, son apprentissage s’est propagé en France, qui a influencé l'ensemble de l'Europe, y compris la Belgique, dont la formation musicale était jusque-là dispensée par les institutions religieuses, telles que les abbayes et les églises. Sous l’impulsion de Louis XIV, l’Académie Royale de Musique voit donc le jour et permet d’enseigner la musique aux élèves de l’Académie. Cette école est alors la seule à enseigner la théorie musicale dans le pays. Peu à peu, des conservatoires voient le jour un peu partout en France et permettent l’apprentissage de la musique a de plus en plus d’élèves.
De fait, cette centralisation française a un impact sur la Belgique, notamment après la Révolution française et l'annexion de territoires belges par la France en 1795. La Belgique commence alors à reproduire certains modèles de formation musicale issus des académies françaises. L'influence française a donc permis de structurer la formation musicale en Belgique, encore en place aujourd'hui.
D'ailleurs, alors que le solfège est récemment remis en question en France et que le ministère de la Culture commence à réfléchir à réformer l’apprentissage du solfège qui est considéré comme très compliqué à apprendre, la Belgique connaît elle-aussi le même questionnement, mais les débats sont moins intenses, car les programmes de musique sont plus modulables. Cependant, cela n'a pas empêché la ministre de la Culture de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Bénédicte Linard, d'entreprendre diverses réformes dans le secteur culturel, y compris dans le domaine de la musique.

Qu’est-ce que la Formation Musicale?
La formation musicale n’est que le nom donné à un ensemble de disciplines dont fait partie le solfège. Ce regroupement de plusieurs disciplines permet d’élargir l’apprentissage de la théorie musicale, de la rendre plus concrète et moins indigeste pour les élèves musiciens.
Ainsi, la Formation Musicale comporte désormais différentes disciplines :
- Le solfège,
 - Le chant,
 - La pratique du Rythme,
 - Les Dictées Musicales,
 - L’Analyse,
 - Les bases de l’Harmonie,
 - La Culture Musicale et l’Histoire de la Musique,
 - L’apprentissage de l’Écoute et de la Critique Constructive.
 
En cours de formation musicale, les élèves peuvent alors élargir leurs connaissances culturelles en plus de connaissances purement théoriques du solfège. Les élèves étudient des œuvres et essayent de les analyser, de les comprendre, à la fois du point de vue du solfège mais également dans un contexte historique et culturel. Ils découvrent les différents courants de composition et les évolutions de l’histoire de la musique.
Les autres notations musicales
Le solfège n’est pas adapté à tous les styles de musique partout dans le monde. En effet, le solfège qui utilise le ton et le demi-ton ne peut pas être utilisé par des styles de musique utilisant le quart de ton. C’est notamment le cas pour des musiques persane, arabe ou encore indienne.
De nombreux pays et nombreuses cultures ont alors développé leur propre système de notation musicale. L’un des plus connus en Belgique est le système de notation anglo-saxon qui consiste à utiliser les premières lettres de l’alphabet pour désigner les notes. Ces lettres (A = La, B = Si, C = Do, etc) sont particulièrement utilisées dans l’apprentissage de morceaux de guitare.
Un autre système, plus simple que le solfège, est également très répandu en Chine tout comme en Indonésie. Ce système, appelé Jianpu (ou « Notation simplifiée ») s’est largement répandu au début du XXème siècle et se base sur les numéros de 1 à 7 pour désigner les notes du Do au Si.
Le solfège est-il voué à disparaître ?

Bien que la théorie musicale soit encore largement répandu et enseigné en cours de solfège, ce système de notation complexe et quelque peu ennuyant à apprendre est de plus en plus délaissé par les apprentis musiciens.
Les autodidactes préfèrent alors les tablatures pour guitare, basse, flûte, etc à ce code. Les tablatures permettent en effet de comprendre, sans passer par des codes, où placer ses doigts sur les cordes ou autre. Ce système est donc très accessible pour les musiciens débutants et permet d’éviter l’apprentissage laborieux du solfège.
De plus en plus de musiciens cherchent des méthodes alternatives pour apprendre plus rapidement la musique. Des professeurs de musique inventent également de nouvelles méthodes, parfois contestées, mais qui permettent de gagner un temps précieux.
Cependant, le solfège et son code reste la norme dans le milieu professionnel de la musique et est encore largement enseigné en cours de musique. Le solfège a de beaux jours devant lui !
Et vous, vous êtes plutôt solfège ou tablatures ?









