La langue est une ville à bâtir dans laquelle chaque génération apporte sa pierre.
Victor Hugo.
Après avoir analysé ensemble de quelle manière le flamand connut, notamment par le biais des villes marchandes de Bruges, Anvers et Gand, une expansion phénomènale dans le monde entier et principalement européen, il peut sembler juste de s'étonner que le français ait pourtant, pendant de si nombreuses années, dominé le territoire belge.
Le flamand dut se battre au sein de la Belgique afin de se garder une place au chaud et être à égalité avec le français, et en effet, on assista en Belgique à un véritable conflit linguistique, notamment en ce qui concerne le sujet suivant : Napoléon et la Belgique, une grande histoire !
Le français s'imposa comme langue principale en Belgique : retour sur les raisons de ce phénomène
Déjà durant le Moyen Âge, le français, et plus particulièrement la littérature française, jouissait d'une belle image. Ceci s'est intensifié durant le Moyen Âge central, principalement !
siècle
C'est bel et bien la littérature courtoise qui, durant les XIIe et XIIIe siècles, a connu un essor fondamental en Europe et qui a donc permis à la langue française de se doter d'une image de prestige et de luxe.
Ce sont les troubadours du sud de la France qui ont inventé la poésie lyrique courtoise, via des poèmes rédigés en langue d'oc. Rapidement, des poèmes en langue d'oil (le nord de la France) imita ce mouvement, avec notamment Chrétien de Troyes !
Durant le Moyen Âge, parler français était symbole de prestige, un peu comme parler le latin - ou l'écrire ! Avec les cours princières cherchant à valoriser le français, cette langue étant donc symbole de prestige, la langue a rapidement gagné en valeur !

Les Nobles du nord de la France apprécient la lecture de la littérature courtoise, faisant du pays le berceau de la littérature courtoise durant les XIIe et XIIIe siècles.
Les régions qui deviendront bien plus tard les Pays-Bas ainsi que la Belgique ont donc hérité de cette culture, et le français se hissa au sommet du prestige social durant le Moyen Âge.
N'oublions pas non plus que dans ces régions du nord de la France, certains dialectes romans, donc ancêtres de la langue française que nous connaissons aujourd'hui, étaient parlés par la population locale voisine !
La Révolution française et le phénomène Napoléon : l'imposition du français contre le flamand
Durant le XVIIIe siècle, partout au sein des actuels Pays-Bas, on écrivait en français (les élites, tout du moins), on se parlait en français, et on s'habillait à la française...
représentations de théâtre étaient données en français contre seulement 10 en flamand !
Les Pays-Bas espagnols, correspondant environ à la Belgique actuelle, furent cédés à l'Autriche sous domination des Hasbourg, devenant ainsi les Pays-Bas autrichiens.
Suite à la guerre de succession d'Espagne (1701-1714), le roi Charles II étant décédé sans héritier pour prendre la relève, certaines puissantes européennes empêchèrent la France de prendre trop de pouvoir en Europe et proclamèrent ainsi une nouvelle carte géopolitique de l'Europe, l'Autriche prenant le contrôle des Pays-Bas espagnols et devenant ainsi les Pays-Bas autrichiens.
Puis vint l'année 1795. Napoléon et la Belgique : une grande histoire (pas que d'amour, par contre !).
les Pays-Bas autrichiens.
Les Pays-Bas autrichiens devenus alors français furent divisés en départements, que nous connaissons parfaitement bien aujourd'hui d'ailleurs et qui représentent encore à l'heure actuelle des départements français, ou bien des provinces aujourd'hui belges ou encore néerlandaises ! Voici une liste non exhaustive des départements en question :
| Anciens départements sous domination française | Départements (provinces) actuels |
| Département de la Dyle | Province du Brabant wallon & Bruxelles |
| Département de la Lys | Province de la Flandre-Occidentale |
| Département de Jemmapes | Province du Hainaut |
| Département de Sambre-et-Meuse | Province de Namur |
| Département de l'Ourthe | Province de Liège & partie de la Province de Luxembourg |
| Département des Forêts | Luxembourg (pays actuel) & Province de Luxembourg en Belgique |
| Département de Meuse-Inférieure | Province du Limbourg en Belgique & Province du Limbourg aus Pays-Bas. |
| Département des Deux-Nèthes | Province d'Anvers (en grande partie) & partie de la Province du Brabant-Septentrional |
| Département de l'Escaut | Province de la Flandre-Orientale |
| Département des Bouches-de-l'Escaut | Province de la Zélande aux Pays-Bas |
Comment le flamand a été marginalisé dans l’administration et l’éducation
Dès lors, la France révolutionnaire et napoléonienne imposa le français comme langue officielle dans l'administration sur l'ensemble des territoires acquis, représentant donc principalement la Belgique actuelle. Les élites mais également la classe moyenne apprirent le français et délaissèrent, forcées, l'apprentissage du néerlandais (le flamand).
Bien évidemment, faire du français la seule et unique langue officielle au sein des textes de lois et de l'administration au sein de ces territoires eut pour conséquence logique d'élever le français au rang de langue maîtresse, le flamand étant délaissé au seul usage des classes populaires. Puis l'enseignement public imposa également le français, achevant la chose !
Le flamand n'était quant à lui pas appris à l'école, si ce n'est au sein de quelques écoles isolées, et aucune standardisation n'avait encore été effective, contrairement au français. Face à la multitude de dialectes régionaux du vieux néerlandais, le français gagnait encore beaucoup d'importance ! Pour ceux désireux de redécouvrir leurs origines, des cours de néerlandais bruxelles sont disponibles.

Avec sa politique de francisation de plus en plus intense, Napoléon Bonaparte (devenu depuis Napoléon Ier) engendra ainsi une totale exclusion de toute forme de dialecte local au sein de la partie nord : principalement le flamand, donc, ainsi que le wallon, le lorrain et le champenois. Ceci mena à la quasi suppression du flamand, en somme ! Napoléon et la Belgique, une très grande histoire...
Les premiers mouvements de résistance
Les habitants de la partie nord, représentant la Flandre d'aujourd'hui, se révoltèrent dans un premier temps contre cet état de fait. Un véritable conflit linguistique ! Pourquoi principalement le nord ? Parce qu'au nord du territoire qui est aujourd'hui la Belgique, le flamand était l'unique langue parlée par les populations locales, par le peuple, et non pas le français. Certains ont également cherché à renforcer leur lien avec leur langue ancestrale en s'inscrivant à des cours de néerlandais liège.

De nombreux dialectes avaient vu le jour au fil des siècles, et ceux-ci voyaient d'un très mauvais oeil l'arrivée du français et l'écrasement par celui-ci du flamand, du wallon, du lorrain, du champenois ainsi que d'autres dialectes néerlandais !
La défaite de Napoléon à Waterloo donna la possibilité aux pays européens s'étant alors unis contre la France révolutionnaire d'établir un territoire annexe : c'est la création du Royaume-Uni des Pays-Bas.
Sous l'occupation française d'alors, des révoltes eurent lieu mais bien souvent fortement condamnées et punies par les autorités françaises. Puis les premières revendications réelles se font sentir dès la Révolution belge, ou plutôt aux prémices de celle-ci, menant à l'indépendance de la Belgique !
Dans la partie sud, les langues romanes étaient de mise, ce qui bien entendu rendit beaucoup plus aisées les directives françaises, tandis que dans la partie nord, c'était le flamand qui était principalement (voire exclusivement) parlé par le peuple ! De nombreuses révoltes eurent lieu au sein de la partie nord (la Flandre actuelle, tandis que la partie sud représente la Wallonie actuelle) en opposition à la forte présence du français et à l'écrasement du flamand.
et sort de son aliénation vis-à-vis de la France et, donc, du français.
Les premiers réels mouvements de revendication furent du côté des artistes et écrivains, souhaitant plus que tout promouvoir la langue néerlandaise mais également la culture du pays.









